"Arkhéion" est un ensemble de pièces utilisant  des archives visuelles et sonores. 

Présentation
Archives
Pluridisciplanaritée et art total
In situ
Performance
Composition et technologie

PRÉSENTATION

Le mot grec « Arkheion » (« ancien ») est souvent traduit (par approximation) par le mot archive. Le titre est un hommage aux oeuvres de Christian Zanesi qui ont beaucoup influencés ce projet. Les archives, c’est «là où les choses commencent» disait Jacques Derrida, l'endroit de toutes les connaissances ; à ce titre elles sont au coeur de toute activité humaine.

Le projets est constitué d'événements originaux liés aux lieux et aux circonstances de la création. La proposition s'inscrit aux frontières de la performance, de l'installation et du concert.

Les pièces sont de formes et de durées variables, Wilfried Wendling peut être accompagné d'une danseuse, d'un acteur ou de musiciens en fonction de l'espace, des conditions d'accueil ou des choix artistiques.

«Arkheion» peut ainsi être développé en de multiple variations sur des thèmes différents même si le traitement de base reste identique. Il s'agit d'un ensemble d'outil pour la composition, la vidéo et le texte, d'un dispositif moderne d'art total traitant de l'histoire contemporaine. Chaque outil est un véhicule pour une promenade d'une subjectivité assumée dans le XXe siècle.


ARCHIVE


«là où les choses commencent»
Jacques Derrida

Parce que l'archive est à la fois le document et l'information, le fichier et la connaissance, le support et la mémoire, l'archive est la base de toute recherche, de toute innovation et de toute expérimentation. En ce sens l'archive est présente dans toute oeuvre mais souvent de façon discrète et au second plan. Ici l'archive est le sujet de l'oeuvre, c'est ce par quoi existe l'oeuvre.

Les archives de l'INA sont un trésor national autant qu'une mine artistique inépuisable. L'archive audiovisuelle est par nature pluridisciplinaire ce qui la rend extraordinairement propice au travail multimédia et donc à une réflexion sur le rapport image / son.

Depuis plus de 50 ans le travail électro-acoustique à partir d'archives est une démarche souvent pratiquée par les compositeurs, de Pierre Schaeffer à Christian Zanesi de Luc Ferrari à Steve Reich.

Dans les arts plastiques nombreux sont également les artistes à avoir exploité les formidables ressources de l'archive, de Yves Klein à Christian Boltanski.

Le XXe siècle est donc abordé de façon grave ou légère, de façon thématique ou aléatoire en fonction des lieux d'accueils ou de l'actualité. Il ne s'agit donc pas d'une démarche objectivante mais au contraire d'une subjectivité assumée qui ne fait qu'exprimer une préoccupation pour l'Histoire.


PLURIDISCIPLINARITÉ / ART TOTAL


Pluridisciplinaire par nature, Arkhéion, s'inscrit autant dans le Gesamtkunstwerk Wagnérien que dans le théâtre de la cruauté d'Artaud.

Le thème de la synthèse des arts, ou de leur symbiose, reste au cœur des préoccupations artistiques du XXe siècle, notamment des projets avant-gardistes. Produire une « œuvre d'art totale » ne consiste pas seulement à associer plusieurs techniques, plusieurs disciplines ou plusieurs médias. Il s'agit aussi d'englober le spectateur, d'investir tous ses sens, de conduire la vie et l'art à fusionner.

Dès sa conception chaque performance est donc bien dans une réflexion pluridisciplinaire englobante et fusionnel. C'est l'idée originelle qui s'incarne ensuite aux différentes disciplines, le sens est ainsi la ligne conductrice de l'oeuvre dont chaque expression est une ramification.


IN SITU


Chaque performance est créée pour un lieu et adaptée à ce dernier.

Au départ de chaque «Arkhéion» il y a un thème, un poète, un philosophe, un événement historique... mais ce thème est souvent lié à l'histoire, la situation géographique ou politique du lieu d'accueil.

Parce que les sujets abordés sont presque infinis et illustrent l'histoire contemporaine, il est indispensable d'introduire une subjectivité dans les choix thématiques. La matière première de ce projet est notre essentiel commun, le souhait est de prolonger cette démarche dans l'intégration du lieu comme élément fondateur de la représentation.

Le lieu d'accueil est également acteur et élément essentiel de la performance :

L'architecture structure ainsi la forme et le fond du projet, plusieurs espaces peuvent être utilisés et mis en valeurs dans leurs particularité. Les murs servent souvent de surface de projection, les images sont intégrées à la surface, des matières abstraites peuvent jouer avec la couleur et le matériau, des lignes géométriques sculptent l'espace et redéfinissent ses proportions. Les archives ne sont plus limités et enfermé dans l'écran mais intégré dans l'espace public, il n'y a plus de frontalité, le public est entouré par les images, acteurs et spectateurs de l'oeuvre.

L'acoustique du lieu est prolongé par système de multi-diffusion. Là aussi la contrainte d'un lieu est une richesse. La frontalité disparaît encore au profit d'un espace qui ne se veut nécessairement équilibré mais en relation avec le spectateur. En effet la diffusion assume et met en exergue l'inégalité sous jacente à toute position spatiale : puisque qu'on ne peut pas être au même endroit en même temps, personne n'écoute jamais exactement la même chose. Tous les espaces fonctionnent ainsi simultanément mais il est parfois nécessaire de se déplacer pour bénéficier assumer son écoute.

La déambulation du spectateur n'est ainsi pas seulement imaginaire mais physique. Le spectateur est invité de diverses manières à se déplacer. Soit parce que plusieurs lieux sont animés indépendamment soit par invitation directe du performeur.

Parce qu'un lieu est surtout l'humain qui le fait vivre, l'équipe du lieu peut aussi être intégrée et intervenant du spectacle. Dès l'accueil du public un dispositif particulier plonge le spectateur dans l'installation. Pendant la performance la régie technique et ceux qui la manipulent sont toujours à vue avec le plus souvent une mise en scène particulière.


PERFORMANCE


Il y a dans la performance de l'irrévérence, une forme de transgression de la norme. Si le corps, l'espace et le temps sont souvent nommés comme les éléments fondamentaux de la performance cela ne délimite pas le champs de son expression car toute action se situant avec un corps se trouve dans l'espace et dans le temps, il y a donc bien autre chose qui questionne le corps, l'espace et le temps. Ce sont ces malentendus sur la transgression et le corps qui font les clichés de la performance : la nudité, le sexe et la violence. L'irrévérence à l'égard de la performance est peut être justement de ne pas utiliser ces archétypes, ces choses du passé.

Il n'y a pas de métier de la performance, il y a des plasticiens, des danseurs, des poètes ou des musiciens qui pratiquent la performance. Sans doute est ce cette extension de son champ de compétence qui est l'une des portes d'accès à la performance. Il y a en effet dans la racine même du mot performance quelque chose d'inhabituel, de spectaculaire voir d'exceptionnel. Ce sont ces questions que pose le projet ARKHÉION, la question de l'habitude et de sa transgression, la question du spectacle et de sa limite. Chaque « représentation » est exceptionnelle parce que chaque représentation s'inscrit et questionne l'art vivant.

Un musicien ne danse pas, un danseur ne parle pas, la technique est cachée ; tels sont les quelques normes non-écrites du spectacle vivant qu'il s'agit d'interroger pour mieux les contrarier.


COMPOSITION / TECHNOLOGIES


« ARKHÉION » est un immense réservoir compositionnel dans lequel des objets conceptuels et technologiques utilisent l'archive comme matériau narratif. L'outil est toujours adapté au propos mais ce n'est pas le sujet qui crée l'objet artistique, il est préalable à la création. Cette démarche permet dès la conception d'une performance une géométrie variable du dispositif.

Poser l'outil comme préalable au sujet est un choix assez radical qui a pour volonté d'affirmer immédiatement la question du sens. Comment se transmet le sens et quel sens sont des questions immenses et essentielles ; affirmer une dichotomie entre le sujet et l'objet est une manière de ramener la circonstance comme donnée essentielle du sens.

L'outil préalable est ainsi formel et technologique. Un dispositif technologique est ainsi conçu avant de savoir sur quelle archive il sera utilisé. Ce partie pris artistique affirme la prédominance sémantique , pour ce projet, de l'outil sur la matière.

Interactions et capteurs :

L'environnement technologique cherche une interaction image/son avec le performeur mais également avec le public. Pour cela de multiple outils de captation et de prolongement du mouvement sont utilisés : capteurs de pression, I.R., laser, accéléromètre...

Multi-diffusion visuelle et sonore :

Le public est entouré par le son mais également par l'image. Plusieurs vidéo-projecteurs et écrans créé un environnement englobant qui se prolonge par les hauts-parleurs. La préoccupation de l'espace sonore, courante en musique, est ainsi prolongé par l'image.